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Au sein de l'écosystème open source, les récentes initiatives stratégiques de Red Hat, l'un des pionniers du logiciel libre, ont suscité un large éventail de débats, de choix stratégiques et de controverses. Cette analyse vise à explorer en profondeur les changements apportés par Red Hat à sa politique de distribution de code source, les conséquences de ces changements pour la communauté open source, notamment pour le projet CentOS, et l'émergence d'OpenELA comme réponse collective du CIQ. , SUSE et Oracle.
Le changement de cap de Red Hat
Red Hat a récemment révisé sa politique de distribution des sources, limitant l'accès aux sources exclusivement via CentOS Stream et supprimant l'accès public précédemment disponible. Cette décision a marqué un tournant important dans l'approche de l'entreprise en matière de partage de code source, provoquant une vague de réactions au sein de l'écosystème open source.
L'ouverture historique de Red Hat à la communauté open source a toujours été un pilier fondamental de son identité d'entreprise. Toutefois, la nouvelle politique a soulevé des questions sur la durabilité de cette ouverture, notamment en relation avec le projet CentOS, traditionnellement considéré comme le « petit frère » de Red Hat Enterprise Linux (RHEL).
La naissance d’OpenELA
En réponse à ces changements, une association appelée OpenELA a été créée, une collaboration entre CIQ, SUSE et Oracle. Cette initiative vise à faciliter le partage de sources compatibles RHEL, offrant une plateforme alternative pour maintenir la transparence et l'accessibilité dans le monde open source. OpenELA représente une tentative de préserver les idéaux de partage et de collaboration qui ont toujours caractérisé la communauté open source, malgré les défis posés par les nouvelles politiques de Red Hat.
L'impact sur CentOS et le dilemme Kmod SIG
Nous arrivons maintenant à une mise à jour qui pourrait être qualifiée de curieusement bizarre, voire carrément ironique. Un récent article de blog sur l'actualité de janvier 2024 du projet CentOS – qui continue extérieurement de se proclamer indépendant – présentait une section intitulée « Kmod SIG » avec l'annonce suivante :
En raison de changements dans la manière dont Red Hat publie le code source de Red Hat Enterprise Linux, le Kmods SIG n'est actuellement pas en mesure de produire des packages pour Red Hat Enterprise Linux pour des raisons juridiques. Nous travaillons avec Red Hat pour résoudre cette situation et espérons pouvoir à nouveau fournir des packages pour Enterprise Linux dès que possible.
En raison des modifications apportées par Red Hat dans la version du code source de Red Hat Enterprise Linux, le Kmods SIG n'est actuellement pas en mesure de générer des packages pour Red Hat Enterprise Linux en raison de contraintes juridiques. Nous sommes en dialogue avec Red Hat pour trouver une solution à ce problème et espérons pouvoir reprendre la fourniture de packages pour Enterprise Linux le plus rapidement possible.
Si vous vous demandez avec des doutes « CentOS ne devrait-il pas être une émanation de Red Hat ? », sachez que votre confusion et vos doutes sont largement partagés.
Le Kmods Special Interest Group (SIG), au sein du projet CentOS, est dédié au développement et à la maintenance de modules de noyau supplémentaires (kmods), indispensables pour supporter des pilotes spécifiques ou implémenter des fonctionnalités absentes dans le noyau standard.
Actuellement, le traitement de ces modules est gêné par la difficulté d'accès aux sources du noyau par les développeurs SIG, en raison des politiques restrictives imposées par les sources Red Hat Enterprise Linux elles-mêmes. En conséquence, les contributions vitales que ces développeurs devraient apporter pour intégrer ces pilotes et fonctionnalités dans Red Hat Enterprise Linux sont entravées par les politiques de source de Red Hat.
Ce scénario paradoxal a été souligné par Phoronix, révélant que d'autres SIG, comme celui dédié à Hyperscale, ont choisi de baser leurs builds de noyau Linux sur Fedora, plutôt que sur RHEL.
Ce faisant, en plus de poursuivre son objectif principal – compliquer l'existence des clones RHEL – Red Hat s'est paradoxalement retrouvé à naviguer dans des eaux turbulentes causées par ses propres politiques, compliquant également involontairement son chemin d'innovation et de support à travers le projet CentOS.
Conclusion et avenir prometteur
La décision de Red Hat de modifier sa politique en matière de sources a sans aucun doute ébranlé le paysage de l'open source, soulevant des questions fondamentales sur l'avenir de la collaboration et du partage dans l'industrie. Même si Red Hat conserve une position dominante, les conséquences à long terme de ces choix restent à évaluer. L'émergence d'OpenELA en tant qu'entité collaborative démontre la résilience et l'adaptabilité de la communauté open source face aux défis posés par des changements importants dans la politique d'entreprise.
La situation actuelle met en évidence la nécessité d'un dialogue continu entre les principales sociétés open source et la vaste communauté de développeurs, d'utilisateurs et d'entreprises qui dépendent de ces technologies. Ce n'est que grâce à la collaboration et au respect mutuel qu'il sera possible de naviguer dans les eaux turbulentes du changement dans le monde du logiciel libre, en garantissant que l'innovation et le partage restent au cœur de l'écosystème open source.